Un décret présidentiel qui empêche l'importation de voitures d'occasion a laissé des milliers de travailleurs sans emploi.
Cela fait six mois que Mohamed n'a pas mis les pieds dans le port d'Abidjan en Côte d'Ivoire. l'ancien transitaire reconnaît à peine les petites boutiques au bout des quais et le parking de la jetée, désespérément vide.
La cause, un décret limitant les importations de vieux véhicules jugés trop polluants, le texte de la loi interdit l'importation de trop vieilles voitures d'occasion.
Aucune voiture de plus de 5 ans et aucun camion de plus de 10 ans ne sont autorisés à circuler dans la ville. Cette mesure vise à réduire les embouteillages, les accidents et les émissions de gaz à effet de serre.
La Bête noire, les "France au revoir", des voitures qui avaient entre 16 et 20 ans et faisaient du parc automobile ivoirien le plus vieux d'Afrique de l'Ouest. La plupart de ces voitures d'occasion importées d'Europe en Côte d'Ivoire n'étaient pas conformes aux normes de sécurité ont été interdites d'entrée en Côte d’Ivoire.
Le nombre d'importations de voitures d'occasion en provenance d'Europe et d'Amérique du Nord a diminué rapidement ces dernières années. Travailler dans le secteur des voitures d'occasion peut sembler être une opportunité attrayante. Des milliers de travailleurs ont été laissés sur le carreau.
Mohamed avait l'habitude de gagner plus de 500 000 francs CFA par mois (plus de 760 euros) en tant qu'agent des douanes. Aujourd'hui, il gagne moins de la moitié de cette somme et se bat pour survivre.
Nombreux sont ceux qui, comme Mohamed, se retrouvent en difficulté.
Le collectif des anciens travailleurs portuaires a formé le syndicat pour défendre leurs intérêts auprès des autorités afin de faire évoluer le décret. Il n'y a pas si longtemps, le bureau de douane était bousculé par les camions et les voitures. Entre 200 et 400 véhicules étaient enregistrés par jour, aujourd'hui, une dizaine tout au plus,
"Nous n'avions plus de travail. On nous a dit que nous serions accompagnés, mais rien n'a été fait”
On s'attend à ce que le ministère des Transports publie un décret visant à rouvrir les conditions d'importation de véhicules d'occasion dans le pays, mais il n'y a pas d'indications quant à savoir si des mesures concernant les travailleurs étrangers seront prises.
Il est allégué que le décret-loi aurait dû viser les voitures en circulation, et pas seulement les importations. De très vieilles voitures qui ont parfois plus de 500 000 km au compteur, qui émettent des gaz noirs très polluants ne sont pas contrôlées.
Le décret, qui rend illégales la possession et l'utilisation de certains véhicules, affecte plus de 15 000 personnes travaillant dans le secteur: importateurs, mécaniciens, tôliers ou peintres.
Vulnérables, les ateliers de réparation automobile d'Abidjan ont été durement touchés par l'arrivée de cette mesure. D’une vingtaine de voitures réparées par mois, certains mécaniciens ont vu leur chiffre d'affaires réduit au trois quart.
Un imprimeur local gagnait autrefois 1 million de francs par mois, aujourd'hui, il travaille à peine.
La Flambé du prix des voitures
En raison des interdictions d'importation, les quelques voitures qui sont actuellement importées sont presque neuves. Les prix ont grimpé en flèche, atteignant environ cinq fois ce qu'ils étaient auparavant. Soit entre 10 et 15 millions de francs CFA (de 15 000 à 23 000 euros).
Il est néanmoins vrai qu'il existe une dérogation qui permet au personnel des ambassades et de la BAD d'importer la voiture de leur choix, quel que soit son âge - chose qui n’est pas sans frustrer les opérateurs du secteur. une injustice de traitement entre celui qui est au sommet de la chaîne et l’Ivoirien lambda qui lutte.