La construction de la première ligne de métro à Abidjan, en Côte d'Ivoire, suscite des préoccupations croissantes parmi les résidents du quartier de Port-Bouët. Destinée à soulager la congestion urbaine, cette nouvelle ligne traverse leur voisinage, entraînant des conséquences significatives pour les habitants.
Des déménagements difficiles pour les résidents
De nombreux habitants, notamment des personnes âgées, se voient contraints de quitter leurs maisons. Le processus de compensation financière avance lentement, ce qui alimente l'inquiétude parmi ceux qui doivent abandonner leur logement. Lehouc Édouard, un enseignant à la retraite âgé de 80 ans, exprime sa tristesse face à cette situation : « C'est toute une mémoire de ma vie qui s'en va. Mes petits-enfants ont grandi ici », déclare-t-il, alors qu'il se prépare à voir son appartement démoli après plus de 50 ans passés dans le quartier.
Appels à une compensation équitable
Les résidents ne s'opposent pas au projet de métro en soi, mais ils exigent une compensation juste pour leurs propriétés. Ahui Amouli Kouassi, président des personnes affectées par le projet à Port-Bouët, souligne que le Programme d'Action et de Réinstallation (PAR) n'a pas été respecté : « Avant la démolition, nous avons demandé à être relogés. Nous avons demandé des négociations pour notre réinstallation. Ce qui n'a pas été fait est ce que nous demandons maintenant. »
D'autres habitants partagent ses préoccupations et insistent sur le fait qu'une compensation adéquate est essentielle. Nebié Bo Djo affirme : « Si vous prenez notre propriété, donnez-nous une autre propriété, c'est ce que nous demandons. »
Réponse de la société ferroviaire
La Société Ivoirienne de la Gestion du Patrimoine Ferroviaire (SITARAIL) a reconnu les inquiétudes des résidents et tente de les rassurer sur le fait qu'ils seront pris en charge. Le directeur général Cissé Moustapha a déclaré : « Nous devrions déjà avoir terminé de libérer les droits de passage. En fait, il y a de nouvelles personnes affectées car les études ont évolué et légèrement modifié le passage du métro, ce qui signifie que de nouvelles personnes sont concernées et nous leur donnons du temps pour partir. »
Certaines personnes touchées par le projet se disent satisfaites du processus. Traoré Abdoulaye, un forgeron, a témoigné : « Je pensais que cela prendrait des années. À ma grande surprise, cela n'a pas duré plus de deux mois. On m'a appelé aujourd'hui pour venir chercher mon argent. Je suis satisfait. »
Un projet d'envergure pour Abidjan
La construction de cette ligne de métro longue de 37 kilomètres est attendue pour résoudre en partie les problèmes de mobilité dans la ville. Sur les 13 000 familles touchées par ce projet ambitieux, plus de 7 000 ont déjà été compensées.
Alors que le métro d'Abidjan progresse vers son achèvement prévu en 2023-2024, il reste essentiel que les autorités continuent d'écouter et d'agir sur les préoccupations des résidents pour garantir une transition équitable vers cette nouvelle ère de transport urbain.